Depuis 4 ans, plusieurs parcelles de l’exploitation d’Eloïse sont aménagées en Méthodes Agro-Environnementales et Climatiques (MAEC), et plus spécifiquement en parcelles aménagées.
Cette méthode se décline en plusieurs variantes en fonction de l’enjeu environnemental identifié dans l’exploitation (enjeu en matière de biodiversité ou d’aménagement pour la faune, de lutte contre l’érosion, de protection des eaux de surface ou souterraines). Le choix de la localisation, de la composition du couvert et du mode de gestion est également fonction de l’enjeu environnemental. Source : Natagriwal
L’un des types choisi par Eloïse est la parcelle aménagée à fleurs des prés. Elle est ensemencée d’un mélange de graminées, de légumineuses et d’autres plantes à fleurs. Son objectif est de renforcer le maillage écologique et de favoriser les insectes butineurs très utiles à la pollinisation des cultures. Elles visent également à structurer et à embellir le paysage agricole avec des fleurs des prés.
Un choix d’emplacement guidé par la pratique
A la ferme d’Eloïse les parcelles aménagées sont soit situées assez proches d’habitations, soit à des emplacements plus difficiles d’accès : éloignées de la ferme, entourées de bois ou du chemin de fer. Cela permet de ne plus devoir traiter à proximité des habitations et de mieux valoriser les terrains marginaux tout en limitant de longs trajets avec le tracteur.
« De plus, nous avions des ruches à cet endroit. J’aimerais réaliser une formation en apiculture afin de m’occuper moi-même de ces ruches » nous dit Eloïse. La mise en place de ruches à proximité de ces parcelles permettrait une nouvelle valorisation et diversification à la ferme.
Les avantages et inconvénients de cette mesure
Le premier avantage de cet aménagement est le résultat paysagé garanti, surtout au cœur de l’été à la floraison. La parcelle a un pouvoir attractif d’une belle biodiversité aussi bien en abeilles solitaires qu’en papillons et autres insectes utiles.
Un autre avantage et pas des moindre est la prime de cette MAEC qui couvre complètement les charges de l’installation et de l’entretien. Le montant de cette prime s’élève à 1200 € par ha et par an.
Eloïse est très contente de la prime. « Le coût est moyen à élevé pour les semences mais très vite rentabilisé grâce à la prime (l’investissement des semences ne se fait qu’une fois tous les 5 ans). C’est une petite parcelle, il n’y a pas de traitement, c’est plus rentable qu’une culture classique à cet endroit ».
Les inconvénients de cette mesure résident essentiellement sur le salissement et le manque d’appétence des couverts pour le bétail. Il est tout à fait possible de voir apparaître des plantes toxiques pour le bétail si la parcelle est valorisée par une fauche. La berce du Caucase, qui peut facilement être confondue avec d’autres plantes d’intérêt, peut provoquer des brulures au stade adulte si elle est consommée par les vaches et les chevaux. Peu de rumex ont toutefois pu être observés dans la parcelle. Les produits phytosanitaires sont interdits, mais un traitement localisé contre les chardons et rumex est envisageable.
Pour Eloïse, à la fin de la MAEC qui dure 5 ans, si cet aménagement est suivi d’un maïs par exemple, il y a un risque accru de salissement. « Cela peut justifier l’utilisation d’un herbicide mais c’est totalement contradictoire avec la mesure ».
Un autre problème pour cette MAEC est que certaines personnes ont jeté leurs déchets verts sur cette parcelle, pensant que c’était une zone de friche abandonnée. A certaines périodes de l’année, surtout à la fin de la floraison, une parcelle aménagée peut paraître « sale » ou « non entretenue », alors que c’est juste une conséquence du cycle naturel de la végétation. C’est pourquoi il est important de sensibiliser les citoyens à ces mesures via des panneaux didactiques mais également afin de limiter les actes inciviques.
Quelles sont les améliorations possibles pour cette MAEC ?
« Les dates pour le fauchage sont fortement limitées dans le temps. S’il pleut au moment où il faut faucher, cela devient compliqué » nous dit Eloïse. Le fait d’avoir plus de marge pour l’entretien dans la pratique permettrait un meilleur suivi de la parcelle.
En conclusion, terminons ce numéro par un conseil d’Eloïse :
« Je conseille aux agriculteurs la mise en place de ce type d’aménagement afin de recréer des zones refuges riches pour la biodiversité».
Article rédigé par Benjamin Abrassart, Chargé de projet DIPROS du CARAH A.S.B.L.