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DIPROS au champ N°1 : les prairies naturelles chez Jean-François

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DIPROS au champ 1

Jean-François est éleveur à Erbaut, sur la commune de Jurbise, où il gère une exploitation de 25 ha. Sachant que la taille moyenne d’une exploitation en Wallonie est d’environ 60 ha, on peut donc dire que c’est une exploitation de petite taille…ou à taille humaine. Il y élève un troupeau d’environ 150 vaches de la race Blanc-bleu mixte pour leur viande. Elles sont nourries avec le maïs et les betteraves fourragères produites sur la ferme (environ 10 ha), mais aussi avec l’herbe de ses prairies (environ 15 ha) qui sont soit pâturées soit fauchées.

Pour une de ses prairies, Jean-François a choisi de l’exploiter de manière moins intensive selon le cahier des charges des « prairies naturelles » fixé par les mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC). Ces MAEC consistent en un ensemble de pratiques favorables à la protection de l’environnement (préservation de la biodiversité, de l’eau, du sol, du climat), à la conservation du patrimoine et au maintien des paysages en zone agricole. Elles sont mises en place sur base volontaire et rétribuées grâce à un cofinancement de la Wallonie et de l’Europe. C’est l’asbl Natagriwal qui est en charge pour la Wallonie du conseil et de la mise en œuvre de ce programme.

Voici comment Natagriwal nous présente la MAEC prairie naturelle :

« Une prairie naturelle est une prairie permanente gérée de manière peu intensive. Cette mesure incite les agriculteurs à conserver et exploiter par fauche ou par pâturage tardif (à partir du 16 juin) des prairies généralement peu productives (zones humides, zones marginales,…). Cette méthode vise surtout à préserver la biodiversité, mais aussi à protéger les sols et l’eau (eaux de surfaces et souterraines) à travers un mode de gestion peu intensif. Le recul des dates de fauche permet par exempleaux espèces d’oiseaux comme aux plantes herbacées de mieux réaliser leur cycle biologique, tandis que l’interdiction des produits phyto garantit une source de nourriture aux espèces insectivores. » Source : Natagriwal

Plus d’info sur cette mesure sur le site de Natagriwal.

Comment la prairie est-elle gérée ?

Jean-François met en place une prairie naturelle depuis près de 15 ans, sur une parcelle de 3,9 ha occupée par une prairie permanente depuis 40 ans. Elle est composée principalement de fétuque et dactyle et d’un peu de trèfle. Il a une fois re-semé du trèfle suite à un apport d’écume  de betterave. La présence de trèfle améliore l’appétence fourragère et fournit naturellement de l’azote à la prairie.  Il produit une trentaine de ballot en une coupe par an, la sécheresse rendant difficile la réalisation de plusieurs coupes.

Le noyer qui veille sur la prairie naturelle

Et qu’en pense l’agriculteur ?

Points positifs

Au départ, il a fait ce choix principalement parce qu’il était obligé d’associer plusieurs MAEC dans sa demande. Il a ainsi choisi d’associer cette mesure à d’autres MAEC sur son exploitation (mares et bandes aménagées, arbres et bosquets, races locales menacées). La prime de 200 €/ha de prairie est bien sûr un incitant dont il est très satisfait. Par ailleurs, le bétail mixte qu’il élève convient bien au calendrier de gestion imposé pour cette MAEC. Et les prairies concernées se trouvant en zone assez humide, il réalisait déjà de toute façon une fauche tardive. C’est donc un incitant pour lui que le respect du cahier des charges n’implique pas de gros changements pour sa gestion de la prairie. Enfin, comme son exploitation est entièrement située en zone de prévention de captage, il trouve important de réduire ses apports d’intrants pour minimiser son impact sur les eaux souterraines.

Contraintes  et difficultés rencontrées

Les quelques problèmes auxquels il doit faire face sont des présences de rumex pas toujours faciles à éradiquer et un vieillissement de la composition en herbe de la prairie. Il réfléchit donc à demander conseil pour réaliser un sur-semis sur sa prairie. Enfin, les sécheresses récurrentes en été freinent fortement la croissance de l’herbe à ce moment-là et commencent donc à rendre plus difficile la valorisation des apports d’engrais de ferme qui ne peuvent être réalisés qu’à partir du 16 juin sur les prairies naturelles.

Le rumex est une adventice fréquente des pâtures

Le conseil de Jean-François et ses perspectives

Son conseil est de réaliser un chaulage (amendement calcique) de la prairie tous les 5-6 ans pour maintenir la présence de trèfle. Pour le moment, Jean-François exploite cette prairie en fauche mais il aimerait pouvoir réaliser un pâturage tournant pour s’adapter aux contraintes de la sécheresse. Il remarque en effet qu’augmenter la part de pâturage du bétail offre une meilleure qualité fourragère. Cela nécessiterait une adaptation des dates autorisées pour l’épandage des engrais de ferme afin de maximiser leur valorisation sur les prairies pâturées. 

Rendez-vous dans deux semaines pour le second numéro de DIPROS au champ !

Article rédigé par Benjamin Abrassart, Chargé de projet DIPROS du CARAH A.S.B.L.