Les 14 contrats de rivière de Wallonie ont reçu dernièrement la mission d’inventorier la présence d’écrevisses au sein d’un maximum de plans d’eau, avec l’objectif de mieux connaître la répartition des différentes espèces sur l’ensemble du territoire régional.
Notre équipe a démarré, depuis le début du mois de septembre 2023, les premiers recensements à l’échelle du bassin versant de la Dendre, pour lequel, jusqu’à présent du moins, très peu de données officielles sont encore disponibles…
L’écrevisse à pattes rouges, la seule écrevisse indigène en Wallonie…
L’écrevisse à pattes rouges ou à pieds rouges (Astacus astacus), dont la pêche est désormais strictement interdite à l’échelle de notre région, est la seule espèce indigène en Wallonie. Sa population, aujourd’hui menacée, a diminué drastiquement depuis la fin du XIXème siècle, en raison des pollutions, de la diminution de la qualité de nos cours d’eau ou encore de la dégradation progressive de son habitat naturel, l’empêchant de se réfugier à l’abri de ses principaux prédateurs.
Mais pas uniquement…
Un déclin d’origine anthropique, causé par la propagation de l’aphanomycose et la concurrence des écrevisses exotiques
La principale cause du déclin de l’écrevisse à pattes rouges demeure la propagation de l’aphanomycose, appelée plus communément la « peste de l’écrevisse », une infection fongique aiguë, entraînant chez l’animal des symptômes tels que l’apathie, la décoloration (aspect terne), la perte de poids, l’apparition de taches sombres sur la carapace, le développement d’excroissances de champignons, la décomposition ainsi que la rupture de pattes entières ou de parties d’entre elles.
Originaire d’Amérique, introduite accidentellement en Europe à la fin du XIXème siècle, l’aphanomycose est presque toujours mortelle pour les populations d’écrevisses indigènes. Elle se transmet au contact d’individus contaminés, encore vivants ou même morts, et ce, dans la mesure où l’agent infectieux responsable de la maladie, le champignon Aphanomyces astaci, parvient à survivre plusieurs jours sur les dépouilles et à former des spores qui se diffusent dans l’eau et en alimentent la contagion. Elle peut se propager en outre par l’intermédiaire de poissons provenant de régions contaminées, porteurs de la maladie, ou encore par le biais d’équipements infectés au contact de l’eau, tels que des bottes, des vêtements, du matériel de pêche ou de plongée.
Pour pallier la perte foudroyante des écrevisses indigènes due à l’aphanomycose, et afin de répondre aux besoins du commerce alimentaire ou de l’aquariophilie, des écrevisses exotiques, principalement d’origine nord-américaine, ont été introduites au cours du siècle dernier à travers toute l’Europe, avec pour conséquence désastreuse d’accentuer le déclin de l’écrevisse à pattes rouges…
En effet, des espèces telles que l’écrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii) ou l’écrevisse signal (Pacifastacus leniusculus), connue aussi sous le nom d’écrevisse de Californie, non seulement plus agressives, opportunistes et compétitrices pour le gain de leur habitat et de leur alimentation, atteignent par ailleurs une maturité sexuelle plus rapidement que l’écrevisse à pattes rouges et sont capables de pondre un nombre d’œufs élevé, assurant une expansion rapide de leurs populations. Elles sont aussi moins exigeantes que notre écrevisse indigène et peuvent pleinement s’épanouir dans des milieux aquatiques vaseux, de moindre qualité, offrant un taux d’oxygène plus faible.
Outre les caractéristiques comportementales précitées, les écrevisses exotiques présentent surtout la particularité de résister naturellement à l’aphanomycose. Porteuses saines de la maladie, elles favorisent la propagation du champignon Aphanomyces astaci, tout en continuant à vivre sans difficulté significative la plupart du temps.
Les écrevisses exotiques constituent en ce sens le principal vecteur de l’agent pathogène.
La combinaison de deux facteurs exposés, à savoir une meilleure adaptabilité au milieu et une résistance à l’aphanomycose, renforce le caractère envahissant des espèces exotiques, qui ont tendance par conséquent à supplanter notre espèce indigène…
Déroulement temporel d’un « inventaire écrevisses » et importance de la biosécurité
Moyennant l’accord formel du propriétaire du terrain, notre équipe accède au plan d’eau, équipée de nasses conçues spécifiquement pour la capture d’écrevisses. Désinfectées au préalable à l’aide d’éthanol et correctement séchées, de sorte à éviter toute propagation de l’aphanomycose, les nasses sont munies d’appâts, puis plongées dans le plan d’eau durant 24 à 48 heures. A la suite du temps de pose précité, notre équipe revient sur site, extrait les nasses hors de l’eau et se charge, en cas de capture d’écrevisses, d’en déterminer l’espèce, sur base des différents critères d’identification.
Vous êtes propriétaire d’un plan d’eau susceptible d’abriter des écrevisses ou vous connaissez un milieu aquatique présentant cette éventualité ? Vous avez déjà observé et/ou pêché des écrevisses dans un étang particulier ?
N’hésitez pas à prendre contact avec notre chargée de projet spécialisée en espèces exotiques envahissantes, Coralie HUBERTY, par message électronique via coralie.huberty@contratrivieredendre.be ou par téléphone au 0486/79.85.05.